Quelles solutions face à la persécution des médias en Guinée ?

27 mai 2024 4 min(s) pour lire
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Après plus de six mois de brouillage des fréquences et de retrait des chaînes de radio et de télévision sur des bouquets TV, le gouvernement guinéen vient de passer à la vitesse supérieure dans la persécution et le musellement de la presse indépendante.

A travers un Arrêté en date du 21 mai 2024, le ministre de l’Information et de la Communication, Fana Soumah, a décidé de retirer les agréments des principaux médias du pays à savoir : Espace FM et TV, Sweet FM, Djoma FM et TV, FIM FM. Motif évoqué, « non-respect du cahier des charges ».

Le 23 mai 2024, ce fût le tour de l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT) d’annoncer aux responsables des médias concernés, le retrait des fréquences et des autorisations VSAT.

Nous l’avons dit et nous réitérons que cette fermeture des médias indépendants et critiques est une violation de la liberté de la presse et un acte grave qui entrave le droit à l’information des citoyens.

Que faut-il faire à cette décision illégale et injuste ?  C’est la question que tout le monde se pose aujourd’hui. Faut-il s’adapter à la situation comme toujours ou se battre pour défendre nos droits et libertés ? Personnellement, je pense que la deuxième option, plus qu’une nécessité, est une obligation. Il s’agit de l’avenir de la profession qui est en jeu.

Plusieurs actions peuvent être entreprises :

MOBILISATION ET SOLIDARITÉ
▪︎ Renforcer la cohésion au sein de la corporation. Que les associations de presse et tous les acteurs mettent en tête que l’avenir du journalisme en Guinée dépend de leur capacité à s’unir et à défendre collectivement la profession. S’ils parviennent à surmonter les divisions et à travailler ensemble, ils pourront briser le cycle du musellement.
▪︎ Organiser des journées sans presse et demander aux médias non concernés par la fermeture de boycotter les activités du gouvernement et des services de l’État
▪︎ Se réunir et organiser des manifestations pacifiques à Conakry et à l’intérieur du pays pour dénoncer la fermeture des médias et exiger le respect de la liberté de la presse. C’est un droit consacrer notamment par la Charte de la Transition.
▪︎ Lancer des campagnes sur les réseaux sociaux et auprès du public pour informer sur les dangers de la restriction de l’accès à l’information.
▪︎ Créer une caisse de solidarité pour soutenir les médias et les journalistes touchés par cette mesure liberticide et infondée.

ACTIONS JURIDIQUES
▪︎ Intenter des recours juridiques contre la décision auprès des juridictions nationales et internationales.
▪︎ Saisir les organisations de défense de la liberté de la presse comme Reporters sans frontières (RSF), le Comité pour la protection des journalistes (CPJ)…
ALTERNATIVES MÉDIATIQUES
▪︎ Développer des plateformes médiatiques alternatives sur internet ou sur les réseaux sociaux pour continuer à informer le public.
▪︎ Collaborer avec des médias étrangers pour reprendre quelques programmes et pourquoi pas opter pour la diffusion satellitaire. Avant l’obtention de son agrément, ESPACE TV par exemple était sur satellite et elle a réussie à se faire une audience. C’est là également que la collaboration avec les organisations internationales de défense de la liberté de la presse devient intéressante. A RSF par exemple, nous avons lancé le 5 mars dernier, le bouquet satellitaire Svoboda, une initiative pionnière pour le droit à l’information. Il intègre neuf chaînes de télévision et radio qui ont été interdites par les autorités russes mais qui sont aujourd’hui diffusées par satellite Hotbird d’Eutelsat.

PRESSION DIPLOMATIQUE
▪︎ Faire pression sur les partenaires internationaux de la Guinée pour qu’ils condamnent les fermetures de médias et fassent pression sur le gouvernement pour qu’il revienne sur sa décision.

Il est donc important que les associations et professionnels de médias agissent de manière unie et solidaire face à cette situation difficile. La liberté de la presse est un élément essentiel de la démocratie et il est crucial de la défendre par tous les moyens possibles.

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