En Guinée, les principaux médias du pays (Espace FM et TV, Sweet FM, Djoma FM et TV, FIM FM) sont fermés depuis le 22 mai 2022. Le gouvernement, à travers le ministère de l’Information et de la Communication et l’Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT), a décidé de retirer leurs agréments et licences d’exploitation pour « non-respect du cahier des charges et trouble à l’ordre public ». Des allégations qui n’ont jusque-là pas été étayées par des preuves concrètes.
Au cours d’une conférence de presse tenue à Conakry le jeudi 25 juillet 2024, le porte-parole du gouvernement a abordé la question de la fermeture des principaux médias indépendants. Ousmane Gaoual Diallo a tenté de justifier cette décision en évoquant la situation en France. « En France, C8 et NRJ 12 ont perdu leurs agréments parce qu’un de leurs journalistes tient des propos jugés inacceptables par le gouvernement et les autorités françaises. Et d’ailleurs, une des chaînes a été frappée d’une amende de 7,5 millions d’euros et on leur a retiré leurs licences », a-t-il déclaré.
Les autorités françaises ont-elles effectivement révoqué les agréments et les licences ?
Afin de vérifier les déclarations du ministre des Transports et porte-parole du gouvernement, nous avons examiné la décision de l’Arcom (le régulateur de la communication audiovisuelle et numérique en France) du 24 juillet 2024 ainsi que plusieurs médias français ayant traité le sujet. Cependant, aucune mention n’a été trouvée concernant le retrait des agréments et licences de ces médias. Il s’agit plutôt d’une décision de ne pas renouveler l’autorisation de diffusion sur la TNT à compter du 28 février 2025. L’en-tête du communiqué de l’Arcom est d’ailleurs très explicite : « Appel aux candidatures pour 15 services de la TNT : présélection des candidats ». En effet, sur les 25 candidatures reçues suite à l’appel à candidatures du régulateur en date du 28 février 2024, 15 ont été retenues et autorisées à diffuser sur les fréquences hertziennes terrestres.
Selon des sources médiatiques françaises, NRJ12, une chaîne de divertissement généraliste du groupe radiophonique NRJ, a été supprimée en raison de son déficit financier persistant. En ce qui concerne C8, la décision a été prise à la suite d’un constat de « dérapages, de non-maîtrise de son antenne, de diffusion de fausses informations… ». Auparavant, C8 a été sanctionnée à de nombreuses reprises par l’Arcom ces dernières années.
C8 et NRJ 12 continueront à exister
Contrairement à la situation en Guinée, où les principaux médias indépendants ont vu leurs agréments et licences révoqués, en France, C8 et NRJ12 ne perdront que leur accès aux fréquences de la TNT à partir de février 2025. Elles pourront toutefois continuer à diffuser leurs programmes par d’autres moyens, tels qu’Internet, les box ou les télévisions connectées. D’ailleurs, ces chaînes de télévision peuvent poser leur candidature pour 2026.
VERDICT : Les agréments de C8, chaîne la plus sanctionnée de la télévision française, et de NRJ12 n’ont pas été retirés par les autorités françaises. Leurs candidatures n’ont plutôt pas été retenues par l’Arcom pour la réattribution des fréquences TNT en 2025.