Quand des commissaires de la HAC exposent le Général Doumbouya en voulant noyer des patrons de médias (Édito)
Je viens d’écouter les commissaires de la Haute Autorité de la Communication (HAC) en mission à Kankan, au sujet notamment de la fermeture des principaux médias du pays. Les propos sont d’une gravité extrême.
De graves accusations contre le Général Doumbouya
Dans son communiqué en date du 24 mai 2024, le gouvernement guinéen a motivé la décision de retrait des agréments et licences des médias par des « dérapages régulièrement monitorés » et la « violation abusive par certaines radios et télévisions de l’article 6 du Cahier des charges portant sur l’obligation de respect de la dignité de la personne humaine et les exigences de l’unité nationale et de l’ordre public ».
Mais la HAC, à travers ses commissaires, Djènè Diaby et Ibrahima Tawel Camara, dit tout le contraire.
« Ce qui est caché, nous allons vous le révéler. Les patrons des médias, chacun d’entre eux, a reçu de l’argent à la présidence, des mains de Mamadi Doumbouya lui-même, et ils ont signé. Il y a une liste, et elle sera publiée bientôt. Toi, tu prends 300 000 dollars, 200 000 dollars, 100 000 dollars à quelqu’un, puis tu vas insulter l’intéressé à la radio alors qu’il est plus fort que toi… », révèle Djènè Diaby.
Ce n’est pas une première. On se rappelle que lors de sa rencontre avec les responsables de médias et associations de presse, le 2 mai 2024, le Premier ministre Amadou Oury Bah avait aussi déclaré que « le président était très déçu du comportement de certains hommes de médias pour lesquels il fait beaucoup de choses ».
La prudence exige que je ne m’exprime pas trop sur le fond. Je sais que la corruption en Guinée s’est généralisée et il n’est exclu que des journalistes ou des médias reçoivent des pots-de-vin ou d’autres formes de compensation pour influencer leur couverture médiatique ou leur ligne éditoriale. Mais dans le cas présent, j’ai des réserves. Tant que des preuves ne sont pas brandies, je refuse de croire à ces allégations. À ce stade donc, j’estime que c’est de la diversion pure et simple.
Mais face aux soupçons de corruption, il est du devoir et de la responsabilité des médias concernés de porter plainte immédiatement pour diffamation. C’est une question de crédibilité et d’honneur.
Et sur la base des déclarations faites par ces commis de l’État, notamment le Premier ministre, l’Agence nationale de lutte contre la corruption (ANLC), la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) et les juridictions compétentes doivent aussi ouvrir une enquête contre le président de la transition, le Général Mamadi Doumbouya, pour corruption et haute trahison.
La HAC reconnaît sa complicité avec la junte pour bâillonner la presse
Nous avons toujours dit que la HAC est un instrument de répression de la junte et cela se confirme également.
« …Je n’ai aucune compassion. Parce qu’on les a appelés, on a vu venir tout ça. Plus de cinq fois, on les a appelés rédaction par rédaction, on a même donné l’exemple de la radio Liberté FM à l’époque de Dadis (…) Nous sommes dans un régime exceptionnel, courbez l’échine jusqu’à après la transition. Après la transition, les choses reviendront à la normale avec un régime normal’’, a déclaré Djènè Diaby. Mais quelle bêtise ? Comment un organe de régulation qui, selon la loi, est chargé de défendre le droit des citoyens à l’information peut agir ainsi ?
Cela démontre encore une fois, l’incompétence et l’ignorance des commissaires. Sinon au regard de l’article 2 de la loi L/2020/0010/AN portant attributions, composition, organisation et fonctionnement de la Haute Autorité de la Communication (HAC), l’institution a un rôle de soutien et de médiation en vue d’éviter notamment « le contrôle abusif des médias par le gouvernement ».
Le CNRD s’en fout des lois. C’est la force qu’ils connaissent. Ils sont prêts à tout pour conserver leur pouvoir
Le plan de « confiscation » du pouvoir par le CNRD mis à nu
Nous sommes également édifiés par rapport au plan de « confiscation » de la junte. Il faut éteindre toutes les voix discordantes pour rester longtemps. La technique du parrain, Paul Kagamé.
Selon Djènè Diaby, le CNRD « s’en fout des lois. C’est la force qu’ils connaissent. Ils sont prêts à tout pour conserver leur pouvoir. Quiconque se dresse sur leur chemin, même si c’est leur mère, ils vont l’égorger. Le pouvoir c’est comme ça, il n’a pas d’ami. Celui qui l’arrange c’est avec lui il conjugue ».
Je pense que ces phrases résument tout. Au peuple de Guinée de savoir désormais ce qu’il veut. Wassalam…