Le gouvernement guinéen n’a pas encore émis de déclaration officielle concernant les informations faisant état de l’arrestation de Claude Pivi au Liberia. Cependant, des sources confirment son arrestation et son extradition subséquente en Guinée.
Recherché depuis dix mois par les autorités guinéennes après s’être évadé de la Maison centrale de Conakry où il était détenu pour son implication dans le massacre de populations civiles lors de la manifestation de l’opposition le 28 septembre 2009, Claude Pivi alias « Coplan », a été finalement arrêté au Liberia. Le ministre de la Justice et le porte-parole de la Police que nous avions joints au téléphone mercredi avaient indiqué ne pas être officiellement au courant de cette arrestation. Pourtant, le président du Conseil National de la Transition (CNT) a confirmé chez nos confrères de Radio France Internationale (RFI), l’arrestation de l’ancien ministre en charge de la sécurité présidentielle et de son fils, Verny Pivi.
Sur les images diffusées sur les médias sociaux et dans les médias, on observe Claude Pivi en état de faiblesse apparente, vêtu d’un short kaki et d’un polo rayé, désorienté et appréhendé par les forces de l’ordre (sur l’une des images). Une autre image le montre assis sur un canapé, menotté en compagnie d’un autre individu (non identifié à ce stade).
Pivi extradé en Guinée ?
Il est actuellement difficile de déterminer le jour, les circonstances exactes et le lieu précis de l’arrestation de Claude Pivi, qui a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par la justice guinéenne pour son implication dans le massacre du 28 septembre 2009. Cependant, une source à la présidence guinéenne a confirmé que Pivi a été arrêté et remis aux autorités guinéennes. Cette information est corroborée par une autre source à l’aéroport international Ahmed Sékou Touré de Conakry. À en croire cette dernière, l’ancien chef militaire a été extradé au petit matin du mercredi avec « un de ses complices ». À la question de savoir s’il s’agissait vraiment de son fils Verny Pivi soupçonné d’être à la tête du commando qui a attaqué la maison centrale, notre source répond : « Ce que je sais, il y a 8 personnes dont des éléments du Groupement des Forces Spéciales (GFS) et des gendarmes qui sont partis avec l’équipage et ils sont revenus à 10. Tous étaient cagoulés. »
Dans le cadre de nos recherches, nous avons effectivement constaté qu’un aéronef immatriculé N157CK de type Beechcraft 1900 (bi-turbopropulseur – B190) a décollé de Conakry mardi soir à 22 h 26 GMT pour se poser près de Monrovia. Il en est reparti au petit matin de mercredi à 00 h 37 GMT pour atterrir à l’aéroport de Conakry à 01 h 48 GMT. Est-ce le vol dans lequel Pivi a été extradé ?
Ce qui est évident, c’est que l’appareil appartient à TVPX AIRCRAFT SOLUTIONS INC TRUSTEE, une société américaine spécialisée dans les services de fiducie pour l’enregistrement d’aéronefs auprès de l’Administration fédérale de l’aviation ou Federal Aviation Administration (FAA) en anglais.
Nos recherches montrent également que l’avion en question est arrivé en Guinée le 14 août 2024 en provenance de Dakhla (Maroc). Il a été aperçu à Siguiri, une préfecture située à la frontière malienne où l’on soupçonne la junte d’installer une base militaire étrangère. L’avion est arrivé à Siguiri le 5 septembre 2024 et est reparti deux jours plus tard. Est-ce le même vol qui a transporté le ministre des Transports et porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, pour la célébration de l’an 3 de la prise du pouvoir par la junte ? Ou bien c’était pour un autre but ? Un autre sujet.
Convention entre la Guinée et le Libéria
Depuis juillet 2019, la Guinée et le Liberia ont signé une convention de coopération en matière de sécurité transfrontalière. Cette convention a été signée lors d’une visite officielle de Georges Weah, alors président du Liberia, en Guinée. Les deux pays se sont engagés à appliquer cette convention en extradant toutes les personnes en conflit avec la loi dans l’un ou l’autre pays.
La Guinée (9 novembre 2004) et le Libéria (22 septembre 2004) ont également ratifié la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée adoptée par la résolution A/RES/55/25 du 15 novembre 2000.
Mieux, le point b de l’article 13 de la Constitution libérienne de 1986 stipule que « les citoyens libériens et les résidents non libériens peuvent être extradés vers un pays étranger pour poursuites pénales conformément aux dispositions d’un traité d’extradition ou d’autres accords internationaux réciproques en vigueur ».
Le 4 novembre 2023, Claude Pivi s’est évadé de la maison centrale de Conakry à la suite d’une attaque commando qui a fragilisé le pouvoir de Mamadi Doumbouya. Il a été radié des effectifs de l’armée et les autorités ont promis une récompense de 500 millions GNF à toute personne fournissant des informations menant à sa capture.