Le plus grand groupe de presse privée de Guinée, Hadafo Médias, a annoncé mercredi la mise en chômage technique de 70% de ses employés à cause de mesures restrictives imposées par le gouvernement.
A partir de ce mercredi 6 mars 2024, Hadafo Médias, le plus grand groupe de médias de Guinée envoie plusieurs travailleurs (journalistes, techniciens…) de Conakry et de l’intérieur du pays, en chômage technique, pour une durée de trois mois.
« Jamais, même pendant les périodes de crise les plus difficiles, telles que l’épidémie d’Ebola ou la crise de la COVID-19 où seul un strict service minimum était assuré, le Groupe Hadafo Médias n’avait eu à prendre une décision d’une telle ampleur », indique la direction générale dans un communiqué.
Cette décision, la première en 17 ans d’existence du groupe de presse est la conséquence directe selon ses responsables, des restrictions « imposées à nos médias par les autorités de la transition depuis plusieurs mois ».
Pendant cette période de chômage technique, la direction d’Hadafo précise qu’un nombre limité de travailleurs continuera à exercer ses fonctions pendant. Elle exprime également sa profonde solidarité et son soutien inconditionnel à tous ses employés touchés par cette mesure.
« Malgré cette épreuve, le Groupe Hadafo Médias réaffirme son engagement indéfectible envers la Guinée et l’Afrique. En tant qu’acteur majeur de l’information,
nous continuerons à jouer notre rôle crucial dans la promotion de la démocratie et de l’État de droit, même en ces temps difficiles », rassure le groupe.
La presse guinéenne asphyxiée par des mesures restrictives
Manque d’annonceurs, salaires impayés, taxes élevées… à peine remise des conséquences désastreuses du Covid-19, la presse guinéenne subit de plein fouet les effets des mesures restrictives imposées par les militaires au pouvoir.
Depuis novembre 2023, les fréquences des radios les plus écoutées (Espace FM, Djoma FM, FIM…) sont brouillées et des chaînes de télévision notamment Espace TV, Djoma TV, Évasion TV retirées depuis décembre des bouquets Canal+ et StarTimes.
« Ces restrictions ont eu et continuent d’avoir un impact financier inestimable sur notre groupe, rendant impossible le maintien de l’ensemble de nos effectifs dans leur intégralité », fait savoir la direction du Groupe Hadafo Médias.
En janvier 2024, la direction générale du groupe Fréquence Info Médias (FIM) a aussi demandé à son personnel de rester à la maison jusqu’à nouvel ordre. La rentrée pour la nouvelle saison initialement prévue le 22 janvier 2024 avait aussi été reportée à une date ultérieure.