La Guinée a célébré ce 2 octobre, l’anniversaire de son accession à l’indépendance. Et, 64 ans après, la personnalité du père de l’indépendance, Ahmed Sékou Touré et l’histoire même du pays sont sujets à controverse. Aujourd’hui, il y a une nouvelle génération qui veut tourner la page pour faire face au présent et à l’avenir.
Nombreux sont aujourd’hui, les jeunes guinéens qui ne souhaitent plus continuer à être « esclaves de l’histoire ». Une histoire mal racontée selon Moussa Condé, jeune activiste. Pour lui, l’histoire du pays est « méconnue, ignorée et instrumentalisée. »
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Hassane Kolla Diallo, porte-parole du collectif ‘’Axe Guinée 64’’ estime lui aussi que l’histoire du pays a été mal interprétée. « Il y a toujours des versions différentes selon les perceptions des uns et des autres. Depuis le premier régime jusqu’à maintenant, il n’y a pas eu d’assises nationales et les historiens n’ont pas travaillé pour pouvoir démêler tout ce qui s’est passé à l’image du Rwanda par exemple », déplore-t-il.
« On a diabolisé l’indépendance de la Guinée »
Soninké Diané est conscient que l’école a un grand rôle à jouer dans la déconstruction de l’image qu’on colle à la Guinée. Malheureusement, dit-il, les jeunes connaissent plus les premières guerres mondiales, Napoléon Bonaparte mais moins les résistants guinéens et africains et l’histoire de leur pays. Pour lui, la France est en partie responsable de la diabolisation de la Guinée et de son indépendance.
« La France a tout fait pour ternir l’image de la Guinée. Il y a des notes secrètes et des témoins qui confirment. Il cite notamment André Lewin, ancien ambassadeur de France en Guinée. » Le jeune activiste de la société civile refuse en outre d’admettre que l’histoire de la Guinée post-indépendance se résume au camp Boiro. « Souvenez-vous que le général De Gaulle a quitté la Guinée mécontent et il a dit qu’il voulait voir le président Sékou Touré à plat ventre. Donc, tout le mécanisme a été mis en place pour saboter notre indépendance. La Guinée était en guerre contre la France et elle s’est défendue. Et, cette guerre a eu des conséquences sur des Guinéens », a-t-il relaté.
Tourner la page et regarder l’avenir. Mais attention…
Aujourd’hui, beaucoup de jeunes pensent qu’il faut tourner la page et travailler pour le développement du pays. Hassane Kolla Diallo invite particulièrement les jeunes à s’assumer. « Dans l’histoire de chaque pays et partout dans le monde, il y a eu des hauts et des bas. Sékou Touré et ses compagnons ont fait ce qu’ils pouvaient faire. Il nous revient en tant que jeunes d’assumer, tirer tout ce qui est positif dans les actions et rectifier le côté négatif afin que le pays décolle », dit-il.
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Moussa Condé, président du Comité d’organisation de »Guinée 64 » VDP. Crédit : Moussa Conté « avec son accord »
Et à Moussa Condé de renchérir : « Nous ne mesurons pas l’engagement militant, le don de soi et les valeurs qui ont conduit à la proclamation de la république de Guinée, le 2 octobre, grâce à l’effort du père fondateur et des compagnons de l’indépendance. Nous ne mesurons pas l’ampleur des sacrifices qu’ils ont consentis pour notre dignité recouvrée. Ahmed Sékou Touré est un homme avec ses faiblesses et ses qualités. Sa gouvernance a eu des limites et surtout des acquis qu’il faut pérenniser. »
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Célébration de l’an 63 de l’indépendance en 2021 avec VDP. Crédit : VPD »avec son accord »
« C’est notre histoire et il n’y a pas de poubelle où la mettre »
« Mais attention »!, prévient Sally Bilaly Sow, journaliste et consultant. Pour lui, on ne peut pas tourner la page parce que « le passé sert de vitrine au présent ». Poursuivant, il ajoute : « Si on dit d’occulter tout parce que c’est le passé, les blessures ne vont jamais se cicatriser. Donc, mieux vaut rouvrir les dossiers et en discuter. Il y a eu quand même des victimes et les familles existent. La meilleure manière c’est d’aller vers une justice transitionnelle comme l’ont fait d’autres pays notamment le Rwanda et l’Afrique du Sud. Donc, je ne suis pas d’avis avec ceux qui pensent qu’il faut définitivement tourner la page de l’histoire. C’est notre histoire et il n’y a pas de poubelle où la mettre. Il faut qu’on puisse savoir ce qui s’est passé et après s’asseoir pour voir ce qu’il y a lieu de faire. Bref, il faut se servir de notre histoire pour se projeter dans l’avenir. »
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