Dans un décret publié vendredi 27 octobre 2023, le président de la transition en Guinée a élevé des généraux de brigade à la dignité de l’appellation général de division. Un acte qui viole certaines dispositions de la loi L/2019/0041/AN portant statut général des militaires.
Après avoir été bombardés au grade de général de brigade le 1er octobre 2022, à la veille de la fête nationale, trois officiers supérieurs de l’armée guinéenne viennent d’être à nouveau élevés à la dignité de général de division. Il s’agit de David Haba, directeur de cabinet du ministère de la Défense, Ibrahima Sory Bangoura, chef d´État-major général des armées et Balla Samoura, Haut-Commandant de la Gendarmerie nationale.
Au regard de la loi du 4 juillet 2019 portant statut général des militaires, il y a des couacs qu’il faille relever.
D’abord, il faut retenir que selon la loi, l´avancement en grade au sein des forces armées guinéennes se fait selon deux modes : l’avancement au choix et l’avancement à titre exceptionnel.
L’avancement au choix est un mode d’avancement à titre normal qui tient compte de l’ancienneté, des diplômes, des aptitudes intellectuelles, physiques, morales et professionnelles au grade supérieur.
L’avancement à titre exceptionnel est un mode qui se fonde sur les faits d’éclat ou les services exceptionnels rendus à la nation au cours des conflits armés, de graves crises ou de situations spéciales d’intérêt national.
Même si la loi notamment l’article 104 permet aux officiers supérieurs d’être promus au choix à un grade, l’article 103 précise que : « Sauf action d’éclat ou services exceptionnels rendus, nul ne peut être proposable à un grade supérieur s’il ne compte dans le grade inférieur un minimum de durée de service ». Il y a donc à se demander quel service exceptionnel les nouveaux généraux de division ont rendu à la nation. Mieux, il n’y a qu’une année entre leur passage au grade de général de brigade à celui de général de division.
En plus, la loi dit que « l´avancement en grade dans les forces armées se fait sur la base des tableaux d’avancement élaborés exclusivement par les chefs d’état-major et le haut commandant de la gendarmerie nationale et directeur de la justice militaire à partir des travaux de synthèse des échelons subordonnés. »
Le décret d’élévation de ces trois officiers supérieurs au grade de général de division viole également l’article 106 qui stipule que : « la date d’avancement des militaires aux grades supérieurs dans les forces armées guinéennes est fixée au 1er novembre de chaque année à l’exception des sortants des écoles de formation. »
Après la chute du président Alpha Condé, le Chef de la junte a procédé à un véritable nettoyage au sein de l’armée guinéenne. 42 généraux ont été envoyés à la retraite en violation des articles 128 et 129 du Statut général des militaires. Beaucoup parmi eux sont partis à la retraite de façon prématurée. Aujourd’hui, le pays en compte une douzaine dont trois généraux de division.
L’autre question à se poser est de savoir pourquoi parmi la douzaine d’officiers supérieurs promus il y a un an au grade de général de brigade, c’est seulement trois qui sont élevés à la dignité de l’appellation général de division ? Seul le colonel a la réponse à cette question.