En Guinée, l’économiste et homme politique, Amadou Oury Bah a été nommé mardi, Premier ministre, Chef du gouvernement. A 66 ans, il remplace Bernard Goumou dont le gouvernement a été dissout le 19 février dernier.

Mais qui est vraiment le nouveau Chef du gouvernement guinéen ?

Originaire de Pita dans la région de la Moyenne Guinée, Bah Oury et son père s’exilent au Sénégal en 1964, à cause de la « dictature » en place. Il n’avait que 6 ans.

Après son admission au baccalauréat série sciences mathématiques (1er de la République du Sénégal), le président sénégalais d’alors, Léopold Sedar Senghor, l’octroi la nationalité sénégalaise et une bourse pour la France pour faire les classes préparatoires aux Grandes Écoles à Louis-le-Grand (Paris).

Après ses études en mathématiques supérieures, il enseigne quelques années en France avant de retourner en Guinée après la mort de Sékou Touré.

Avec le Doyen Thierno Madjou Sow, ils créent l’Organisation Guinéenne pour la Défense des Droits de l’Homme (OGDH) en 1990.

Accusé d’avoir voulu attenter à la vie du Général Lansana Conté, il est arrêté le 27 octobre 1992 avant d’être libéré deux jours plus tard sous la pression populaire.

En septembre 1991, il crée le parti Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG). En 2007, Cellou Dalein Diallo, ancien Premier ministre du Général Lansana Conté de retour de l’extérieur, marque son intention de s’impliquer en politique. Il devient président du parti en novembre 2007.

En mai 2008, Bah Oury est désigné par l’UFDG pour représenter le parti dans le gouvernement Ahmed Tidiane Souaré en tant que ministre chargé de la Réconciliation Nationale, de la Solidarité et des Relations avec les Institutions. Il quittera le poste en décembre 2008, suite au coup d’Etat du capitaine Moussa Dadis Camara.

Le septembre 2009, il bénéficie de la confiance de ses paires des Forces vives pour présider la Commission d’organisation de la manifestation  du 28 septembre contre la candidature du capitaine Moussa Dadis Camara à l’électionprésidentielle, au stade du même nom.

En 2010, l’opposant historique, Professeur Alpha Condé est élu président de la République. Une année après, le 19 juillet 2011, sa résidence privée est attaquée à Kipé (Conakry). Le président guinéen dénonce un « complot » fomenté par le Sénégal et la Gambie et 51 personnes sont arrêtés. Considéré comme l’un des principaux instigateurs, Amadou Oury Bah prend la fuite et s’exile en France. Il est condamné à perpétuité par contumace pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » avant d’être gracié en décembre 2015.

Son « rapprochement » avec Alpha Condé alors qu’il est vice-président de l’UFDG lui coûtera cher. Le 5 février 2016, il est définitivement exclu du parti.

Jusque-là président du parti Union des Démocrates pour la Renaissance de la Guinée (UDRG), sa nomination comme Chef du gouvernement n’est pas une surprise. Après la prise du pouvoir par le Général Mamadi Doumbouya en septembre 2021, il devient l’un des principaux soutiens de la junte. Il apprécie pratiquement tous les actes posés par les militaires et participe à toutes les rencontres alors que les principaux leaders politiques sont en exil. Il est qualifié par ses détracteurs comme un homme « versatile ».

En tant que Premier ministre, Bah Oury est attendu au tournant. Il doit rapidement former son gouvernement et faire face déjà à la grève générale déclenchée depuis lundi par le mouvement syndical guinéen. Une grève qu’il a qualifié récemment d' »inopportune » en estimant que les responsables syndicaux devraient attendre la formation du prochain gouvernement.

Le retour à l’ordre constitutionnel, la relance du dialogue politique et social, la levée des restriction contre des médias… constituent également des dossiers qui attendent le nouveau Chef du gouvernement.