Simandou 2040 : un programme creux pour dissimuler le PRI ?

18 novembre 2024 6 min(s) pour lire
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En Guinée, le projet Simandou suscite un intérêt considérable. Ce projet minier de grande envergure, l’un des plus importants au monde, est au centre des discussions et des déclarations publiques. Il est souvent mentionné dans le contexte de la candidature potentielle du chef de la junte militaire, Mamadi Doumbouya, bien qu’il n’ait pas encore officiellement déclaré son intention de se présenter aux élections. Lors du lancement du « Tournoi de la refondation » à N’zérékoré le 16 novembre 2024, le ministre secrétaire général de la présidence de la République, le général Amara Camara, a souligné l’importance du projet Simandou comme un « pont vers la prospérité ». Il a également mentionné qu’il s’agit d’une vision du chef de l’État qui a décidé de la traduire dans un programme de développement national pour les années à venir, appelé Simandou 2040.

L’annonce de Simandou 2040 en tant que nouveau programme de développement, alors que le Programme de référence intérimaire (PRI) est toujours en vigueur, soulève des questions quant à la véritable stratégie de développement du pays.

Le PRI comme socle pour le retour à l’ordre constitutionnel

Le Programme de référence intérimaire (PRI) est un document stratégique clé développé en 2022 par le gouvernement de transition. Son objectif principal est de guider la transition vers une stabilité politique, économique et sociale accrue. Plus précisément, il vise à contribuer à la réalisation des missions de la transition définies dans la Charte de la transition qui fait office de Constitution, à savoir : créer des conditions de paix et de sécurité, assurer un environnement institutionnel et macroéconomique stable, et organiser des élections libres et transparentes. En d’autres termes, il s’agit d’un outil d’opérationnalisation de la feuille de route de la Transition couvrant une période de 36 mois (jusqu’en décembre 2025).

Le coût global du PRI compatible avec le cadrage macroéconomique a été estimé à 108 000 milliards GNF, soit 12 273 millions de dollars américains. Compte tenu des capacités nationales de mobilisation de ressources publiques, le gouvernement a annoncé disposer d’un montant de 78 000 milliards GNF sur les 108 000 milliards GNF requis pour toute la période de mise en œuvre du PRI. Le besoin de financement était donc d’environ 30 000 milliards GNF (soit 3 409 millions de dollars USD). Certains partenaires se sont positionnés et des montants ont été mis à disposition.

En février 2024, la Table ronde des bailleurs de fonds a été initiée à Dubaï, avec plusieurs milliards de GNF dépensés pour son organisation. Par la suite, il a été annoncé que les partenaires se sont engagés à mettre à disposition une enveloppe de 7 milliards de dollars américains. Depuis lors, il n’y a eu aucune communication officielle à ce sujet. Comme l’a dit quelqu’un, « plus le mensonge est gros, plus le Guinéen y croit ».

Le Premier ministre Amadou Oury Bah, nommé en mars 2024 après la dissolution du gouvernement du Dr Bernard Goumou, n’a apparemment pas fait de ce document une priorité. Est-ce un choix personnel, une injonction des jeunes généraux ou une stratégie délibérée ? Pourtant, il s’agit du cadre unique d’intervention du gouvernement et de ses partenaires techniques et financiers.

Un « rejet » du PRI qui soulève des doutes

Dans l’attente du bilan de la Table ronde de Dubaï et même du PRI qui est officiellement en cours, les Guinéens apprennent que Simandou 2040 est le nouveau programme stratégique de développement économique et social du pays.

À moins de 50 jours de la fin de la période de transition, conformément à l’accord conclu avec la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), et alors que des proches du président de la transition appellent à sa candidature aux prochaines élections avec des mouvements de soutien qui pullulent de partout, il convient de s’interroger sur le motif du « rejet » du PRI dont l’objectif final était le retour à l’ordre constitutionnel. Est-ce une manière de dire que les élections ne sont plus une priorité ? On peut y croire. En effet, dans les axes prioritaires de la transition déclinés par le CNRD et rappelés par le général Amara Camara à N’zérékoré, la politique occupe la dernière place après le social et l’économie. Les pas de caméléon pris également dans la mise en œuvre des 10 points du chronogramme de la transition constituent également la preuve que le CNRD ne fait pas du retour à l’ordre constitutionnel une priorité. Tout ce qui l’intéresse, c’est Simandou.

La situation actuelle engendre un conflit d’objectifs et de priorités, ce qui crée une confusion pour la population ainsi que pour les partenaires techniques et financiers. Mais en réalité, le PRI a lamentablement échoué. Il faut donc trouver autre chose pour continuer à faire espérer les Guinéens.

Simandou 2040 : un programme creux ?

Tout comme le projet minier Simandou, personne ne sait sur quoi repose ce programme de développement dit inclusif. Nos sources au niveau de la présidence et du ministère du Plan et de la Coopération affirment qu’il n’existe à ce jour aucun document stratégique concernant Simandou 2040. Ce n’est que récemment qu’une commission de rédaction a été mise en place. Cette commission travaille sous l’autorité de Djiba Diakité, ministre directeur de cabinet de la présidence de la République.

Le général Amara Camara a annoncé dans la capitale de la Guinée forestière que Simandou 2040 repose sur cinq piliers, à savoir : l’agriculture, les industries alimentaires et le commerce ; l’éducation et la culture ; les infrastructures, le transport et les technologies ; l’économie et les finances, et l’assurance ; enfin, la santé et le bien-être. Cependant, aucun détail n’a été fourni sur chacun des piliers. Nous avons toutefois pu avoir accès au guide sur les cinq piliers de ce programme de 4 à 5 milliards de dollars soumis à la commission de rédaction. Les informations qui s’y trouvent sont tout aussi étonnantes, comme vous allez le savoir dans un prochain article.

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