Guinée : entre inflation et fracture économique

14 janvier 2025 3 min(s) pour lire
Partager sur

En novembre 2024, la Guinée a subi une inflation généralisée, dont les répercussions varient selon les régions.  Selon l‘indice national harmonisé des prix à la consommation (INHPC) de l’Institut national de la statistique (INS), l’inflation à Conakry a atteint un taux annuel de 7,9 %, significativement supérieur à la moyenne nationale de 5,0 %. La capitale affiche également une augmentation moyenne annuelle de 8,4 %, témoignant d’une pression économique accrue sur les ménages urbains.

Taux d’inflation par région en novembre 2024, où Conakry présente le taux le plus élevé.

Si Conakry est en tête de cette tendance inflationniste, certaines régions suivent à un rythme plus modéré. Kankan (+5,2 %) et N’Zérékoré (+4,5 %) affichent des augmentations notables, tandis que des régions comme Kindia (+1,5 %) et Faranah (+2,3 %) semblent mieux contenir la hausse des prix. Ces disparités régionales soulignent l’hétérogénéité des dynamiques économiques et des contraintes locales.

Des disparités frappantes dans les prix des produits essentiels

L’analyse des prix moyens au kilogrammes des produits essentiels révèle des écarts marquants à travers les régions, mettant en lumière les défis logistiques et structurels du pays.

Le riz importé de luxe (type Thaïlande), un aliment de base pour de nombreux ménages, affiche des prix exorbitants à Boké (8 750 GNF) et N’zérékoré (8 600 GNF), tandis que Faranah propose le prix le plus bas (6 500 GNF). En revanche, le riz local étuvé « Barabara » reste compétitif dans certaines régions, notamment à N’zérékoré (6 500 GNF) et Faranah (8 000 GNF), mais devient nettement plus cher à Mamou (10 991 GNF) et Kindia (10 000 GNF).

Comparaison des prix moyens du riz importé et local par région, mettant en évidence les variations.

Les feuilles de manioc, largement consommées dans les foyers ruraux, coûtent presque trois fois plus à Conakry (11 575 GNF) qu’à N’Zérékoré (5 026 GNF). Cette disparité illustre les défis d’approvisionnement pour les ménages urbains.

Quant à l’huile de palme traditionnelle, elle est particulièrement abordable à Faranah (15 982 GNF). De même, le manioc frais est vendu à un prix dérisoire à Faranah (2 753 GNF) contre 10 299 GNF à Conakry, où les coûts logistiques amplifient le prix final.

Prix moyens au kilo en GNF de guelques produits essentiels par région en novembre 2024.

Le charbon de bois, essentiel pour la cuisine, est vendu à 1 332 GNF à Faranah, mais grimpe à 6 240 GNF à Conakry. Ces écarts soulignent les tensions croissantes sur les ressources énergétiques.

Conséquences socio-économiques

Ces disparités de prix ne sont pas seulement économiques ; elles traduisent aussi une pression sociale grandissante. Les ménages urbains, particulièrement à Conakry, supportent un fardeau croissant, alors que les régions bénéficient d’un meilleur accès aux produits locaux.

Disparités des prix des produits locaux (huile de palme, manioc frais, feuille de manioc) par région.

Avec un SMIG de 550 000 GNF, le budget alimentaire devient de plus en plus insoutenable. À titre d’exemple, une famille consommant 1 kg de riz étuvé par jour à Kindia dépense 310 000 GNF par mois (31 jours), absorbant ainsi 56,36 % du SMIG. Ce calcul ne prend pas en compte d’autres aliments essentiels, tels que l’huile de palme, le poisson ou les légumes.

Au-delà de la nourriture, le budget des ménages inclut d’autres charges incompressibles comme le logement, les soins de santé, les transports et l’éducation, laissant très peu de marge pour épargner ou améliorer leur qualité de vie.

Laisser un commentaire