Guinée : Marcel Guilavogui se rétracte et promet de dire toute la vérité sur le massacre du 28 septembre
En Guinée, le procès du massacre du 28 septembre 2009 a repris lundi 10 juillet après des semaines d’interruption suite à la grève des avocats et des gardes pénitentiaires. Dans sa reprise de parole, le capitaine Marcel Guilavogui, ancien élément de la garde présidentielle charge son ancien patron, Moussa Dadis Camara qu’il accuse d’être l’organisateur des tueries au stade du 28 septembre.
Près de dix mois après son ouverture, le procès des évènements du 28 septembre n’a pas fini de livrer tous ses secrets. Ce lundi, alors que le procès reprenait avec la poursuite de l’audition des parties civiles, un doigt se lève dans le box des accusés. Il s’agit du capitaine Marcel Guilavogui. Il avait eu le temps de s’exprimer au début du procès mais décide de revenir pour « rétablir la vérité ». Malgré l’opposition des avocats du capitaine Dadis, le tribunal décide de l’écouter à nouveau.
L’homme qui a nié toutes les accusations portées contre lui lors de sa première comparution décide finalement de se lâcher. Il commence par préciser qu’il est l’un des acteurs non négligeables du putsch de 2008 qui a porté le capitaine Dadis au pouvoir.
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Dadis, l’organisateur du massacre du 28 septembre ?
Pour Marcel, Moussa Dadis Camara est celui qui a planifié les évènements du stade. Il l’accuse d’avoir créé et entretenue une garde parallèle qui serait à l’origine des exactions commis au stade. Il cite des noms comme Joseph Makambo (chargé des opérations), Gono Sangaré (intendant particulier et homme secret, selon lui, du président Dadis), Beugré (Commandant du camp Koundara), Théodore qui serait très proche de l’ancien président de la transition.
Marcel ajoute d’ailleurs qu’il était avec lui à Ouagadougou. Il indique en outre avoir entendu Moussa Dadis dire de “mater” les manifestants. Ceux-ci dit-il, étaient appuyés par des hommes qui portaient des maillots et d’autres des cauris et des armes blanches.
Marcel révèle aussi que le président Dadis était sorti ce jour du Camp Alpha Yaya Diallo pour se rendre au stade. Une version que le principal concerné avait bouté en touche lors de sa comparution. Mais pour Marcel, c’est une évidence.
Il reconnaît s’être rendu au stade et de détenir une grenade à la clinique
S’il continue de nier son implication dans les violences contre les manifestants et les leaders politiques, Marcel reconnait toutefois avoir été au stade ce jour à la recherche de son patron. Celui-ci lui aurait dépassé à son domicile alors qu’il était avec son papa sur la terrasse. « Mon papa m’a demandé d’aller rejoindre le président », dit-il. Et sur le chemin, il indique avoir croisé un ami qui lui a confirmé que le président est sorti avec Makambo, son chargé des opérations. « J’ai demandé à cet ami si le président est avec Toumba. Il m’a répondu que c’était après qu’il a vu Toumba aussi sortir en compagnie d’un civil. Donc, c’est ce qui m’a motivé de les rejoindre. »
Autre fait que Marcel Guilavogui reconnait, c’est sa présence à la clinique Ambroise Paré où selon plusieurs parties civiles et même des accusés, il a menacé de faire sauter sa grenade alors que des leaders politiques recevaient les premiers soins. L’accusé n’est pas d’accord avec cette version. Il déclare qu’il a sorti la grenade pas pour menacer des leaders politiques mais pour tenter d’arrêter le colonel Moussa Tiégboro Camara.
Il demande à l’ex chef de la junte d’assumer ce qu’il a fait car « vous êtes au début, au milieu et à la fin de ce qui s’est passé au stade du 28 septembre. »
Une histoire d’argent et de villa derrière ces révélations ?
C’est ce que fait savoir Me Pépé Antoine Lama, l’un des conseils du capitaine Moussa Dadis Camara, invité ce mardi dans une émission sur radio Espace Guinée. Pour lui, son client est victime d’harcèlement pour avoir refusé d’accéder à la demande de son ‘’neveu’’. Ce dernier aurait menacé de faire des révélations s’il n’obtenait pas 300 millions GNF (31 778€) et une villa.
L’avocat va loin dans ses accusations et pointe du doigt ans les nommer, des techniciens d’Aboubacar Sidiki Diakité alias ‘’Toumba’’ (ancien aide de camp de Dadis). A l’en croire, ce sont ces derniers qui ont rédigé la communication de Marcel. Me Antoine rappelle d’ailleurs que Toumba et Marcel ont une longue histoire. « Toumba était le Commandant du régiment et Marcel était son adjoint », accuse-t-il. Pour prouver la complicité entre les deux, il évoque des similitudes notamment dans la façon de parler, de s’habiller et même dans la structure du texte et le ton utilisé.
Après quelques minutes de débats, l’audience de ce mardi a été renvoyée au mercredi 12 juillet 2023 à cause de l’état de santé du commandant Aboubacar Sidiki Camara, l’un des accusés.
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