En décembre 2023, un incendie ravageur s’est déclaré au terminal pétrolier de Conakry, dans la commune de Kaloum. Vingt-quatre personnes ont perdu la vie, 454 blessés et 2141 ménages affectés, selon le dernier bilan officiel du gouvernement. Dans le but d’atténuer les impacts de cette explosion aux conséquences économiques désastreuses, le Conseil d’administration du Fonds Monétaire international (FMI) a approuvé mardi 6 mai 2024, un soutien financier d’urgence de 71 millions de dollars en faveur de la Guinée.
Les dépenses d’urgence, qui seront reflétées dans la loi budgétaire révisée pour 2024, comprennent des transferts aux ménages touchés; la décontamination du site de l’explosion; la construction de logements, d’écoles et d’infrastructures de santé; la réhabilitation des bâtiments publics endommagés; et le début des travaux de construction d’un dépôt de carburant moderne et sûr.
Selon le FMI, la croissance du pays ralentira à 4,1 % en 2024 en raison des pénuries de carburant et rebondir à 5,6 % en 2025, soutenue par un secteur minier résilient.
L’institution financière ajoute que « la réforme du secteur de l’électricité pour remédier aux pénuries reste essentielle. »
Une situation économique préoccupante
« La Guinée reste exposée à un risque modéré de surendettement, avec une certaine marge pour absorber les chocs », a déclaré Gita Gopinath, première directrice générale adjointe et présidente par intérim.
Selon elle, les vulnérabilités liées à la dette intérieure se sont accrues, du fait de l’émission d’obligations du Trésor pour financer d’importantes dépenses d’investissement public.
Pour remédier à tous ces problèmes, Mme Gopinath recommande des politiques macroéconomiques prudentes, notamment en maximisant le caractère concessionnel de la nouvelle dette, en évitant l’accumulation répétée d’arriérés intérieurs, en renforçant la capacité de gestion de la dette et en améliorant la gestion des investissements publics. Des actions essentielles, dit-elle, pour préserver la viabilité de la dette à moyen terme.
Par ailleurs, les administrateurs du FMI ont souligné la nécessité de réformer les subventions aux carburants et à l’électricité et de renforcer la gestion des entreprises publiques. Ils ont aussi noté que, même si le risque de surendettement reste modéré, les vulnérabilités se sont accrues
Renforcer la gouvernance et lutter contre la corruption
Dans un récent rapport, le Conseil National de la Transition (CNT) a indiqué qu’il y a des sociétés minières qui bénéficient des « exonérations surréalistes » au détriment des intérêts du pays. Avec seulement huit sociétés minières citées en exemple, le manque à gagner par an s’élevait à 1915,6 Mds de GNF sur les recettes minières, au compte de la Direction Générale des Impôts.
En accordant cette nouvelle dette, le FMI a recommandé aux autorités guinéennes de réduire les exonérations fiscales dans le secteur minier. L’institution a également souligné la nécessité de garantir que le projet Simandou apporte les bénéfices escomptés pour l’économie guinéenne.
Récemment, l’Etat a aussi fait amender l’article 36 des statuts de la Banque Centrale (BCRG) qui permet désormais de fixer le montant total des concours que la BCRG peut lui accorder à 5% de la moyenne annuelle des recettes publiques ordinaires des trois derniers exercices financiers précédant l’année en cours. Une dérogation peut être cependant accordée par la Banque Centrale « dans les circonstances extraordinaires telles que des crises économiques, des catastrophes naturelles, sur autorisation du Conseil d’administration ».
Cet amendement est vivement critiqué par certains économiques et le FMI aussi s’est prononcé dessus. Les administrateurs ont souligné la nécessité de respecter le plafond légal des avances au gouvernement, en évitant les ajustements ponctuels, « sauf circonstances extraordinaires », et ont également appelé à cesser d’utiliser les avoirs en bons du Trésor comme réserves obligatoires.
Ils ont enfin rappelé la nécessité de renforcer la gouvernance et de lutter contre la corruption.